
Haine. Sentiment tellement douloureux. Elle emplit votre tête tel un virus et s'amuse à ronger votre raison. Elle vous pousse à faire l'irréparable, à devenir un monstre. Elle vous aveugle, vous susurre à l'oreille qu'elle vous aidera à aller mieux.. Et vous l'écouter, désespéré, il ne vous reste plus que ce sentiment, vous vous y acrochez, car c'est ce qui vous donne une raison d'encore respirer. Quelle ironie. Le plus doux des agneaux peux vite devenir le pire loup. Parce que la haine change facilement une personne et puis, plus elle grandit plus ça en devient dangereux.. Pour le monde, pour vous.
Amour. Sentiment tellement douloureux. Il vous bouffe le coeur. Impitoyable, incontrolable il s'acharne à vous réduire en miette. Repoussez le, niez le, ignorez le et il prendra encore plus d'ampleur. Parce que oui l'amour inoffensif des contes de fées, il est bien dur à atteindre. Cherchez, trouvez le, essayez de l'attraper et il disparaitra sous votre nez. Belle illusion. L'amour n'est qu'un pourrit. Un comédien, qui dès que vous croirez en lui, montrera sa véritable face et il s'installera au plus profond de vous. Cercle vicieux, il ne vous lâche pas, il vous broye. C'est pas des papillons dans le ventre qu'il donne, c'est des coups de poignard.
Haine, amour. Amour, haine. Quels sentiments amers. Et lorsqu'ils sont réunit c'est encore pire. Il et elle, se battent dans votre tête, prêt à vous rendre fou. Pourtant ils ne sont pas si différents. La haine peut se transformer en amour, et vise versa. Quelle blague, les choses logiques ne sont plus de mise.
Une femme hurle, descendant rapidement les escaliers de cette immense hall.
Je la reconnais c'est la binoclarde qui ne cesse de coller ce connard de petit bourge. Elle retire ses lunettes et sors une arme de sous sa jupe. Trop lente. Je l'abats d'une balle entre les deux yeux.
Elle s'écroule et dévale les marches en un bruit sourd. Tellement drôle. C'était donc elle la tireuse d'élite ?
J'enjambe les cadavres des autres domestiques de ce manoir pourrit. Il aurait mieux fait de bruler jusqu'au cendre avec les parents de ce foutu compte.
J'admire mon travail, satisfait. Le sol carrelé d'un blanc immaculé auparavant est maintenant écarlate comme jamais. Du sang partout, à flot et l'odeur nauséabonde qui l'accompagne est aussi bien présente. Quel beau tableaux.
Je perds pieds.
Je ris. Il y'a cinq ans j'aurais sans doute vomis tout ce que je pouvais. Maintenant je m'émerveille devant tant d'atrocités. Belles atrocités.
J'avance un peu plus vers l'escalier. La pièce plongée dans le noir s'éclaire de temps à autre grâce à la foudre qui s'abat dehors. Ca rend la scène encore plus macabre. Magique.
Je butte contre un corps. Tiens, c'est ce bon vieux cuisinier. Son corps est totalement couvert de sang. J'ai du lui foutre quatre balles avant qu'il ne se décide à lâcher son lance-flamme et crever. Il était bien résistant. Je le plains, il avait du potentiel, dommage qu'il meurt pour "protéger" un stupide compte. Quel gâchis.
Je continue mon avancée, grimpant sur la première marche de l'escalier. Le silence règne autour de moi. Seul le bruit de la foudre et ma rapide respiration le trouble. Mon c½ur bat à cent à l'heure. Je n'ai pourtant pas peur. C'est plus l'excitation, l'adréaline. Elles repoussent les limites de mon corps comme pas possible, mes sens sont décuplés, je me sens invincible. Personne ne m'arrêtera. Pas même ce chien de Sébastian. Dès que je le verrai je lui enfoncerai ses beaux yeux dans leurs orbites. Je ne veux pas utiliser mon arme, nan trop facile, lui je veux le voir souffrir. Je veux qu'il se sente impuissant, que ce soir il n'arrivera pas à sauver son abruti de maitre. C'est la mort parfaite pour lui.
Je ris de nouveau, j'ai tellement hâte! Tellement hâte de les voir se tordre de douleurs, me suppliant, tandis que je leur brise tout ce qui leur reste..
L'escalier me parait infini, je suis tellement impatient de mettre ma vengeance en marche! Mais je n'ai pas l'envie de courir. Mes pas, lents et lourds, résonnent dans tout le manoir. Comme dans l'un de ces film d'horreurs à deux balles où le tueur se rapproche doucement de sa victime. Là, c'est exactement ça. Il sait que j'arrive, que je viens de buter ses domestiques et que bientôt c'est sa tête qui va tomber. Le connaissant il doit être assit à son bureau, un air arrogant scotché au visage, son chien de garde avec lui. Mais ça, ce sera bientôt finit.
Je te déteste tellement.
J'arrive enfin à la dernière marche. Devant moi, un long couloir dont je ne vois même pas le bout. Les fenêtres bien qu'immenses n'éclairent pas assez l'endroit, la lumière de la lune est cachée par une nuée de nuage.
Les seules choses que je peux bien discerner sont les tableaux. Les portraits de la famille Phantomhive.
Je m'approche de l'un, il est immense. Dessus je peux clairement reconnaître les parents et ce sale type de Ciel.
Il est enfant, souriant, innocent.. Tout le contraire de la pourriture qu'il est à présent. J'effleure la peinture de la main, passant sur les deux grandes orbes bleu du gamin. Quel beau yeux.. Si trompeurs.
Entre ses bras, un nounours noir orné d'un cache-oeil. Il vient donc de là ce stupide cache oeil.
J'arrête ma fixation et continue mon chemin. Un nouvel éclair s'abat, de loin je reconnais la porte de son bureau. Je ne peux pas attendre plus, sans le vouloir mes jambes se mettent d'elle même à courir. Je fonce, de plus en plus vite vers cette porte en bois décorée de dorures. Mes pas sonnent de plus en plus fort, mon souffle se fait de plus en plus court, mon corps semble s'embraser. Ma vengeance va bientôt prendre forme.
J'y suis. Au fond du couloir devant son bureau. Dans le noir le plus absolu. La foudre dehors s'est calmée. Oui, tout est silencieux.. C'est comme le calme avant la tempête. A cette pensée un sourire m'échappe.
Ma main vient doucement se poser sur la poignée. J'en ai des sueurs froides, moi qui avais toujours rêvé de cette nuit derrière mes barreaux.. La voilà. Aussi belle et jouissive que je l'avais imaginé. Tout est parfait.
Mes doigts glisse contre le métal froid, doucement je le presse et la porte s'ouvre.
Lentement et en un grincement strident, la pièce où il se trouve se découvre. Rien n'a changé. Tout est exactement comme à cette époque, où encore j'entrais ici pour lui demander des tendresses.
Tout est à l'identique, le grand bureau en bois massif devant la baie vitrée, l'imposante bibliothèque à droite, le fauteuil en cuir rouge à gauche.. Des tableaux de famille sur la plupart des murs, le lustre en diamant pendant au plafond, la moquette verte un peu usée.. Tout.
La seule chose qui ai changé, c'est la raison de ma venue.
Tout cela est de ta faute.
J'avance d'un pas dans la pièce. Elle est beaucoup mieux éclairée que le reste du manoir. La lumière de la lune filtre bien à travers la grande baie vitrée.
Dans un calme impérial je continue d'avancer vers le bureau.
Me tournant le dos, sur son grand fauteuil en cuir noir, je suppose qu'il regarde la voute céleste. Pas un de nous deux n'a prononcé un mot. Peut être que l'aura que nous dégageons parle pour nous.. Folie contre folie. Je resserre mon étreinte sur mon colt, et presse le pas. Je n'y crois pas. Ce sale gamin pour qui j'avais imaginé les pires morts possible, il était là, devant moi.. Oui, ce sale gamin que je hais autant que j'aime. Ridicule.
Je me stoppe. Son bras vient de dépasser du siège pour aller poser un verre sur le bureau. De l'alcool ?
« Que me vaut l'honneur de ta visite? »
Sa voix tonne dans la pièce. Résonnant dans mon corps, parcourant mon échine, me faisant frissonner. Cela fait si longtemps.. Cette voix si terne, sans une touche de sentiments à part peut être de l'arrogance. Elle a changé. Je dirai même qu'elle s'est embellit, plus suave, rauque et forte. Non, ce n'est plus la voix presque enfantine comme il y'a cinq ans.. Maintenant, ce n'est qu'une voix abimée par la vie.
Mon c½ur accélère. Mais pas d'excitation ou de joie à présent, non, de peur. J'ai peur, de ce qu'il va se passer, de ce que je me prépare à affronter.. J'ai peur de me dégonflé.
Ciel n'a plus dit un mots. Il n'attends pas ma réponse, il sait pourquoi je suis ici. Je reprend mon ascension, ma poigne serrée à l'extrême sur mon arme, le souffle court. Que vais je faire à présent ?
Je ne sais pas.
Plus j'avance, plus je me fais étouffer par mes propre sentiments. Colère, peur, indécision, tout se mélange.. Comme si j'avais besoin de ça.
Ce monstre te ressemble autant que je le suis.
Une odeur infecte se répand dans la pièce. Du tabac. Voilà qu'il fumait à présent ? Décidément je ne suis pas le seul à avoir bien changé..
Le silence devient de plus en plus pesant. Je commence à ne plus pouvoir le supporter. Moi qui étais si heureux d'arriver en position de force, je suis presque tétanisé. Il faut que je me reprenne! Ce soir, c'est moi qui allai gagner.
« Tiens. Ton chien n'est pas là ? »
Malgré mon ton dur, ma voix a un peu tremblée, pathétique. Je m'en veux déjà d'avoir osé parler. J'aurai mieux fais de la fermer, maintenant il sait dans quel état je me trouve.
La fumée qu'il expire et inspire s'évapore au dessus de son siège. C'est la seule chose que j'arrive à voir de lui. Ca ne me rassure pas, pour je ne sais quelle raison ça me stresse plus qu'autre chose. Petite nature que je suis..
« Je l'ai congédié. Je n'ai pas besoin de lui pour me débarrasser de toi. »
Je ris jaune. A ce que je vois son arrogance est toujours de taille, ça le perdra.
« J'aimerai bien voir ça. En attendant j'ai facilement buté ton troupeau, en bas. »
Il ne répond pas. Comme je l'attendais il ne se rue pas sur moi pour venger ses camarades ou je ne sais quoi. Il est comme ça. Nous ne sommes que des pions à ses yeux. Des pauvres pions sur son cruel échiquier.
Le silence retombe. Seul le bruit de son mégot s'écrasant sur le sol me parvient. Je suis ailleurs, dans mes souvenirs. Je me souviens de tout ces jours heureux, tout ses baisers, ses touchés, cet amour.. Cette ignoble illusion.
Je t'aime mais nous ne sommes pas fait pour être ensemble.
Un jour, j'étais venu le voir ici. Il était encore étouffé sous une tonne de dossier, jurant dès qu'il en avait l'occasion. J'étais resté quelques heures assis dans le vieux fauteuil rouge, ne faisant que le regarder. Détaillant tout ses gestes, expressions, mimiques. Ecoutant le moindre de ses soupirs, jurons, toussotements. Je voulais tout voir et entendre de lui. C'était essentiel, j'en étais fou.. Et puis quand le soleil a commencé à se coucher il s'est levé, s'est doucement approché de moi, et je n'ai pas résisté. Je l'ai embrassé. Notre premier baiser, fougueux, sauvage et.. Amoureux, en tout cas pour ma part. Triste chose, si j'avais su je me serrai retenu ce jours là.
« Alors que compte tu faire? Me tuer? »
Je sors de mes songes, revenant durement à la réalité. Cette réalité tellement loin de ces souvenirs.. Je souffle, mon colt dans ma main, semble bouillir. Comme s'il attendait que je le lève et en finisse. Malheureusement ça ne ce passera pas ainsi. J'avance d'un pas de plus, touchant de ma main le bureau où nombre de feuilles était entassées. Prenant une grande inspiration et me remotivant par la même occasion, je reprends la parole.
« Fais moi face Ciel Phantomhive.
- Mais bien sur que non, tu n'as pas le courage de me tuer. Dit-il, m'ignorant.
- Tourne toi.
- Tu n'as pas changé. Je pensais que la prison t'endurcirai un peu.. Mais tu reste la même poule mouillée qu'autrefois. Je suis étonné que tu ne sois pas caché dans ton trou.
- Tourne toi!
- Tu es pathétique. »
Je serre si fort mes poings qu'ils en saigneraient. Ce type.. Tellement abject.
Je pose mon flingue sur le bureau, essayant de me calmer. Me connaissant, dans cet état j'allai lui en coller une entre les deux yeux, et ce n'est pas ce que je veux.
Le rire de Ciel éclate dans la pièce. Il prend un malin plaisir à me faire sortir de mes gongs cette pourriture.
« Tu n'as vraiment pas changé. Me fit-il entre deux gloussement. »
Je te désire, comme je te hais.
Et contre toute attente, son fauteuil se retourne. Il est là. En chair et en os, devant moi. Il a vraiment changé. Sous toute les coutures, il n'est plus le même. Plus de cache oeil, ses deux yeux bleu à découvert. Ses cheveux brun ramené en arrière par une tonne de gel. Ses lèvres fine et rosée, si désirable le sont encore plus. Ses boucles d'oreilles de mauvais gouts, ne sont plus et puis.. Il y a son sourire. Son détestable sourire, dont lui seul a le secret.. Lui est resté le même, toujours aussi irritant avec ses deux fossettes ridicules.. Que je hais cette expression qu'il a.
Je descends mon regard le long de son corps. Il a grandit et semble avoir considérablement pris en muscles. Plus rien avoir avec le gamin frêle qui se cachait derrière son majordome. Il n'avait donc pas chômé pendant ces interminables années..
Je l'entend glousser de nouveaux, j'arrête donc de le détailler, plongeant mon regard dans le sien.
« Non Ciel. Il est mort.. L'Alois que tu as connus est mort. »
Il semble étonné, sa bouche reste entrouverte tandis que son regard dévit sur mon arme.
« Là bas. Dans cette putain de prison où tu m'as lâchement jeté.. Je suis mort là bas. »
Il me regarde de nouveaux dans les yeux, l'expression comme lassée. Que je le hais. Son indifférence me blesse malgré moi. Savoir qu'il se fiche de ce que j'ai pu vivre ou ressentir, ça m'achève.. Après tout qu'aurais-je voulu? Qu'il se jette dans mes bras pour s'excuser? Qu'il me supplie de le pardonner? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je voulais le voir souffrir autant que moi j'ai souffert. Mais je n'y arrive plus. Ma soif de vengeance s'est envolé. Bien que je sois énervé, haineux comme jamais.. J'ai tellement mal.
Mon c½ur se serre et je ne sais même pas pourquoi.
Je veux te sentir contre moi mais pourtant tu me répugnes tellement.
Ciel ne parle toujours pas. Il s'est retourné vers la baie vitrée, je suppose qu'il a comprit. Je n'aurai pas la force de lui faire du mal. Quelle bêtise. J'étais si impatient il y'a quelques minutes, j'en avais même tué des gens! Et maintenant..Plus rien.
Je m'approche de la fenêtre. Je vois clairement mon reflet. Que suis je devenu? Mes vêtements sont trempés de sang et de pluie, mes cheveux sont décoiffés, emmêlés, poisseux, ma peau sale et terne.. Que suis-je devenu? Mon regard est tellement.. Triste. Mais que suis-je devenu?
Je baisse la tête vers mes mains. Elles sont totalement rouge, comme le reste de mon corps. Entre elles, mon arme. Cette chose avec laquelle j'avais arraché la vie. Qu'avais-je fais? Je ne peux plus, je m'écroule, mes genoux claquant contre le sol.
Je n'y croyais pas. Moi qui avais toujours clamé qu'on m'avait lâchement foutu en taule, que j'étais innocent.. A présent c'est faux. Maintenant je méritai ma place auprès de ces salauds de violeurs, tueurs, voleurs..
« Tu as totalement perdu la raison. »
Je ris. Toute mon anxiété s'est envolée en un clin d'oeil. Si je suis devenu fou? Oui. A un tel point qu'il m'est impossible de revenir en arrière. Je me suis beaucoup trop égaré et ce par sa faute. Par sa faute, j'ai du subir les pires humiliations, par sa faute, j'ai du tuer pour me sentir mieux, par sa faute je souffre le martyre.
Se rend-t-il compte de ce qu'il m'a fait ? Cette ignoble trahison qu'il a osé me faire, croit-il qu'elle n'était rien? Il se trompe lourdement dans ce cas. Qu'y a t-il de pire que ça ? J'ai vu tout mes espoirs disparaître en même temps que ma liberté. Pendant cinq putain d'années j'ai prié pour qu'on me foute la paix. Mais on ne m'a jamais laissé. Si ce n'était pas pour me foutre des coups, c'était pour me violer sous la douche. J'en ai vue des horreurs. J'ai vu des types en briser d'autres et moi aussi j'y suis passé. Alors comment puis-je après tout ça rester sain d'esprit ? Non, non, même comment puis-je rester moi même? Alois Trancy est mort derrière les barreaux. Celui qui se tient debout ici, c'est le pauvre monstre qui ai né. Entre haine et désespoir, voila où il est né.. Où je suis né.
Moi même je le sais, je suis pitoyable. Je suis incapable de contrôler mes émotions, je passe d'un extrême à un autre. De l'excitation à la peur. De la mélancolie à la folie. De l'amour à la haine. Et pour ça, il suffit qu'il ouvre la bouche.
Pourquoi es-tu toi ?
Que faire à présent ?
Le tuer puis me foutre une balle ? Je ne sais pas. J'en suis au point mort, je n'arrive plus à réfléchir, tout se mélange.
Les genoux toujours collés au sol, je l'entends se lever. Ses pas se rapprochent lentement de moi, comme s'il approchait d'une bête avec précaution. Que me veut-il ? Ne voulant pas le savoir je me relève d'un bond et pointe mon colt sur lui.
« Approche encore et je te bute. »
Je bluffe mais il m'écoute et se recule. Incroyable. Où est passé son air arrogant à la con?
Il se rassoit à son fauteuil et continue de me fixer. Je déteste cela, j'ai l'impression qu'il me sonde l'âme. Je secoue vivement la tête, il faut absolument que je me ressaisisse. Je pars vers le fond de la pièce et prend vivement le siège rouge avant de le poser devant le bureau. Ciel me regarde étonné mais ne dis rien. Il ne faut mieux pas de toute façon. Je m'assois sur le fauteuil et jette mon arme dans la fenêtre. Les carreaux se brisent en un bruit strident, faisant sursauter "mon hôte".
« Qu'est ce que-
- Ferme là. »
Il allait répliquer mais je le coupe posant brutalement un nouveau revolver sur le bureau. Il semble encore plus surpris, ce qui me fait bien rire. Un sourire maintenant au lèvre je penche ma tête en avant vers la sienne.
« Tu connais la Roulette Russe ? »
Son expression devient beaucoup plus dure. Il a comprit. Ce soir, c'est le hasard qui allait choisir nos sorts. C'est parfait, si je meurs, je serai enfin délivrer de toutes ces conneries. Et si c'est lui qui meurt, je ne m'en voudrai pas, ce sera le hasard.
Il ne me parle ou ne m'interroge toujours pas, je fais donc le premiers pas.
Arrête moi.
« Je rappelle juste les règles et principes. J'ouvre le chargeur, le fait tourner et le referme. Il y'a dans ce bijoux, une balle, maintenant il faut juste qu'elle aille rejoindre l'une de nos cervelles. Je mets le canon contre ma tempe. On tire une fois chacun notre tour, et ce jusqu'à ce qu'un l'un de nous deux crève. J'enlève la sécurité. Tu crèves, je gagne. Je meurs, tu gagnes..»
J'appuie sur la détente.
➊ ➋ ➌ ➍ ➎ ➏ ➐ ➑ ➒
Ciel n'a pas bougé d'un cil, ses yeux plongés dans les miens. Je crois bien qu'il ne m'a jamais fixé aussi intensément. Je n'ai jamais eu le droit à ce genre de regard auparavant, même pendant dans nos ébats. Les temps changent il faut croire.
Je coupe notre contact visuel, reposant l'arme sur le bureau. Il la contemple un moment avant de la saisir du bout des doigts. C'est drôle à voir, il a peur. L'homme de glace a peur. Quelle blague!
« Il faut que tu saches une chose. »
Je suis tout ouïe. Attendant avec impatiente la suite de sa phrase. Il monte lentement le revolver à sa tête et souffle.
« Je n'ai pas eu le choix. »
Sa phrase m'arrache un rire. Décidément ce soir, tout me parait hilarant. Comment ça il n'a pas eu le choix? Il se fout de moi? C'est lui et uniquement lui qui m'a foutu en taule. Il avait tout prévu, tout planifié, je le sais. Ce type est aussi fourbe que les serpents. Il se faufile dans ta vie, semble l'embellir et au final la réduit en miette. Oui, comme le serpent qui causait avec Adam. Il est pareil. Il te noie dans les beaux gestes et belles paroles pour s'accaparer toute ta confiance et puis hop. Tu te retrouves sans rien.
Et c'est repartit pour un tour. Il me lance presque l'arme avant de passer sa main dans ses cheveux. Je le vois, il essaye de paraître calme, mais c'est le grabuge dans sa tête. Pauvre enfant. Malgré qu'il s'est joué de moi sans que je n'y vois que du feu, j'ai appris à le connaître. Ses tics, mimiques, gestuelles.. Je les connais par c½ur. Et ce n'est pas ces cinq années qui me les ont faite oublier.
« Dis moi franchement, sans tes tours de passe passe. M'as tu ne serait-ce qu'un jour aimé? »
Je n'ai pas pu m'en empêcher, cette phrase me brulait les lèvres et je l'avais laissé filer. Que me prenait-il ? Je connaissais déjà la réponse, je m'en étais presque arraché les cheveux à vouloir la chercher. Seul le fait qu'il m'ai abandonné et trompé voulais tout dire. Mais pourtant.. Je veux l'entendre de sa bouche, je veux l'entendre me déballer qu'il n'a fait que profiter et que pas une seule seconde il n'a ressentit quelques chose pour moi. Certes, ces mots me feront du mal. Mais je veux les entendre.
« Oui. »
" Clic. "
« Menteur.
- Je t'ai vraiment aimé. »
Oh non pas cette réponse. Pourquoi du passé et pas du présent hein? Cruelle conjugaison.
N'était il pas heureux de me retrouver ? Haha, que je suis bête. Bien sur que non, celui qu'il a "aimé", c'est le petit chien obéissant que j'étais.
Je lui passe le révolver, effleurant sa main. Un long frisson me parcourt. Sa peau est toujours aussi douce et froide, c'est un délice. Douloureux souvenirs.
Ciel se retire vite, ramenant le pistolet à sa tempe. Je plante mon regard dans le sien et comme dans un murmure, souffle :
« Moi, je t'aime toujours.. »
" Clic. "
« Mais je te hais tout autant. »
Il évite mon regard, préférant admirer sa bibliothèque. Est-il vraiment l'ignoble type qui me riait au nez tout à l'heure? Son assurance a totalement disparu. Il me perturbe. Il me ressemble beaucoup trop. Je reprends vite le flingue et joue à mon tour. Même si ce n'est pas des dés qu'on lance, c'est tout aussi amusant.
« Pourquoi?
- "Pourquoi" quoi?
- Pourquoi tu m'as trahis!
- Je ne t'ai pas trahis. »
" Clic. "
« Alors quoi? Tu vas me dire que j'ai halluciné pour tout ce qui c'est passé ?!
- Tu ne comprendra pas.
- Comprendre quoi hein ?! Que l'homme que j'aime m'a lâchement abandonné? Et même pire qu'il m'ai condamné ?
- Ce n'est pas comme ça que ça c'est passé. »
" Clic. "
« De ton côté oui. Je suis devenu tellement horrible par ta faute. Regarde moi! »
Je me lève, me plantant devant lui. Depuis tout à l'heure il fixe ses foutus bouquins, il doit m'affronter!
« Regarde moi ! Tu vois? Est ce que tu vois? Regarde mes mains, mon visage, mes vêtements, mon corps.. Tout est salit! Et cela n'est que l'extérieur.. Tu veux savoir comment je me sens? Ce que j'ai ressentis lorsqu'on m'a balancé dans une cellule puante et sombre.. Tout ça tu veux le savoir? Moi j'aimerai bien, car je n'arrive même plus à savoir ce que je ressent. Tout est brouillé, emmêlé, le bien comme le mal, l'amour comme la haine.. Tout cela est de ta faute. Je ne me souviens même plus ce que tu m'as fais exactement ou simplement de quoi on m'a accusé. Je ne sais plus, la seule chose qui me reste c'est ce sentiments de rancune.. Une rancune autant envers toi, que moi. »
" Clic. "
« Quand cesseras-tu de me détruire Ciel.. »
J'ai explosé. Je n'ai pas pu m'en empêcher, les larmes coulent à flot sur mes joues. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas pleuré. C'est si humiliant. Je pleurs devant mon ennemi, mon amant. Si pitoyable. J'ai mal. Mon c½ur se serre comme pas possible, ma tête me parait lourde. J'étouffe. Il y'en a trop. Des sentiments, il y'en à trop. Je ne peux en supporter d'avantage.
« Tu ne peux pas savoir à quel point je regrette Alois.. »
C'est chaud. Si chaud. Apaisant. Ses mots sont si apaisants.Même si à mes oreilles ils sonnent faux..
Je n'en ai que faire. Je les ai tellement attendus. Ses mots gorgés malgré eux d'une tristesse sans nom.
Le revolver me tombe des mains. Je n'en veux plus. Peu importe que ma vengeance n'arrive jamais à son terme.
Malgré nos différents, arrêtes moi, sauves moi.
« Je-
- Répète mon nom.
- Alois.
- Encore.
- Alois. »
C'est ça, je respire. Je respire enfin. Je suis en paix. Ce mot, ce nom, il me fais revivre. Quelle bêtise, j'ai souffert pendant tellement longtemps, et voilà qu'avec quelques mots, ses mots, je reviens à moi. Je suis vraiment fou. Nous sommes vraiment fou. Nous passons d'un état à un autre si facilement, oubliant presque ce qui vient de se passer. Notre guerre n'est pas logique, nos émotions ne sont pas logiques, notre monde n'est pas logique. Rien n'a de sens.
Tout s'éclaire. Je comprends. Lui et moi, nous aimons, du moins c'est ce que l'on croit. Si nous aimons ce que nous haïssons, dans ce cas nous nous aimons. Cercle vicieux. Personne ne supporterai une telle chose, sauf nous. On est tarés. Lui tout autant que moi. Nos esprits n'ont jamais étés saints. On aime jouer avec la mort, les sentiments, que ce soit les notre ou non. Après tout on est fou.
J'oublierai tout.
Je m'assois par terre et il vient se mettre à mes côtés. Je lève les yeux vers le ciel et il en fait de même, que va-t-on faire à présent? Vivre comme avant ? Impossible. Je ne sais pas. Et je m'en fiche presque. J'ai juste envie de me laisser encore aller, vers cette folie qu'est le mélange de l'amour et de la haine. Je ris à cette idée, j'ai perdu contre moi même, je ris de plus en plus fort et son rire se rajoute au mien. Je suis sur qu'il ne sait même pas pourquoi il rit. Moi non plus après tout. Peut être parce qu'il m'a fait les pires choses du monde et que j'arrive encore à l'aimer? Ou simplement je suis fou.
Ma main glisse contre la sienne. Sans hésiter il la prend et la serre le plus fort possible.
« Tu sais.. J'ai vraiment cru que tu allais me tuer .. Ou plutôt que ce jeux allait nous tuer..
- Il n'y a jamais eu de balle. »
Je te pardonne.


Nohiro, Posté le samedi 09 juillet 2016 14:55
Hey ! Bien, je viens commenter à mon tour un de tes OS :)
Déjà j'aime bien la présentation de ton texte, c'est lisible et je trouve que c'est un gros point positif quand c'est lisible et bien présenté.
Ensuite, j'aime bien. J'aime beaucoup même. En fait, c'est la première fois que je lis un Alois x Ciel, et franchement, c'est - je trouve - plutôt bien. J'aime particulièrement quand tu mets au début les définitions des mots. On comprend pas de suite pourquoi, mais elles prennent tout leur sens dans le fil du texte, ce qui est génial. J'aime beaucoup la fin aussi. J'ai vraiment cru qu'un des deux aller mourir, mais en fait non! Et c'est génial ! En fait, ça donne une touche d'originalité à ton OS de nous surprendre comme ça et que ce soit pour une fois un Happy end :)
Mon avis est très subjectif, donc pour moi, le point négatif est le langage utilisé. En fait, le fait que tu répètes beaucoup le même mot n'est pas dérangé, je trouve même qu'il contraste avec tout le reste qui n'en emplois pas. C'est une touche de vulgarité en fait, qui rend bien ton os car c'est exactement ce que pense le personnage. Mais comme j'ai dit, c'est mon avis personnelle, et je n'aime pas trop en fait. Je trouve juste que ça fait un peu "lourd".
Sinon, pour les fautes je n'en ai pas vu - de toute manière nous sommes meilleures amies elles et moi - x)
Bref, en conclusion j'ai beaucoup aimé, et ton OS est très bien comme il est. Je te souhaite une bonne continuation, et bonne chance pour la suite (je viendrais lire de temps en temps, j'aime bien ton style tout de même)
Bisouuuus !